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Essais si suggestifs sur la Renaissance que je compris comment l’art d’écrire en prose anglaise est, ou comment on peut en faire, un art merveilleux, et conscient de lui-même.

L’orageuse rhétorique de Carlyle, l’éloquence ailée et passionnée de Ruskin, m’avaient paru jaillir de l’enthousiasme plutôt que de l’art.

Je crois que j’ignorais alors que les prophètes eux-mêmes corrigent leurs épreuves.

La prose du temps de Jacques I, je la trouvais exubérante ; la prose du temps de la Reine Anne me paraissait d’une calvitie terrible, d’une raison irritante. Mais les Essais de M. Pater devinrent pour moi « le livre d’or de l’esprit, du bon sens, Écriture sainte de la Beauté. »

Ils le sont encore pour moi.

Certes, il se peut que j’en parle avec exagération : et même je l’espère car il n’y a pas d’amour sans exagération, et là où l’amour fait défaut, l’intelligence est absente.

C’est seulement à propos de choses qui ne vous intéressent pas que vous pouvez exprimer une opinion vraiment impartiale, et c’est sans doute pour cela qu’une opinion impartiale est toujours dépourvue de valeur.

Mais il ne faut pas que je laisse tourner à l’autobiographie cette courte notice du nouveau livre de M. Pater.

Je me rappelle qu’en Amérique on me dit que quand Margaret Fuller écrivait un essai sur Emerson, les imprimeurs étaient toujours obligés d’envoyer cher-