Et quel serait le sort des gouvernements et des politiciens de profession, si nous en venions à conclure que le gouvernement de l’espèce humaine, cela n’existe pas.
Évidemment, Chuang-Tzù est un écrivain des plus dangereux, et la publication de son livre en Angleterre, deux mille ans après sa mort, est manifestement prématurée, et causera peut-être beaucoup de peine à bien des personnes profondément respectables et industrieuses.
Il est peut-être vrai que l’idéal de culture par soi-même, de développement par soi-même, qui est le but de son plan de vie, et la base de son système de philosophie, est un idéal dont le besoin se fait quelque peu sentir dans un siècle comme le nôtre, où l’on voit tant de gens si occupés de l’éducation de leur prochain, qu’il ne leur reste pas un moment pour leur propre éducation.
Mais serait-il prudent de le dire ?
Il me semble que si nous admettions une seule fois la valeur d’une quelconque des critiques destructives, nous serions obligés de renoncer à notre habitude nationale de nous glorifier nous-mêmes.
La seule chose qui console jamais l’homme des choses stupides qu’il fait, c’est l’éloge qu’il ne manque pas de se donner pour les avoir faites.
Il peut néanmoins se trouver des gens qui en aient enfin assez de cette étrange tendance moderne qui charge l’enthousiasme de faire le travail de l’intelligence.
Pour ceux-là et leurs semblables, Chuang-Tzù sera le bienvenu.