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que analogie avec celui du Sphinx et de la Chimère dans le curieux drame de Flaubert.

Les animaux parlants ont aussi leur rôle dans les paraboles et les histoires de Chuang-Tzù et son étrange philosophie sait s’exprimer d’une manière musicale par le mythe, la poésie, et la fantaisie.

On éprouve une tristesse naturelle à s’entendre dire qu’il est immoral d’avoir de la bonté consciente, et que faire quelque chose est la pire forme de l’inaction.

Des milliers de philanthropes, excellents et réellement convaincus, retomberaient bel et bien à la charge des contribuables, si nous adoptions l’idée que l’on ne doit permettre à personne de se mêler de ce qui ne le regarde pas.

La doctrine de l’inutilité de toutes les choses utiles aurait pour effet non seulement de compromettre notre suprématie commerciale en tant que nation, mais encore de jeter le discrédit sur un grand nombre de membres prospères et sérieux de la classe des boutiquiers.

Qu’adviendrait-il de nos prédicateurs populaires, de nos orateurs d’Exeter-Hall, de nos Évangélistes de salon, si nous leur disions, dans le langage même de Chuang-Tzù : « Les moustiques tiennent un homme éveillé toute la nuit par leurs piqûres. C’est exactement de la même façon que ces propos de charité, de devoir envers son prochain vous rendent presque fous, Messieurs, efforcez-vous de ramener le monde à sa primitive simplicité, et comme le vent souffle où il lui plaît, laissez la Vertu s’établir d’elle-même. À quoi bon cette inopportune énergie ? »