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Le siècle est pourri par son culte du succès.

Quant à l’éducation, la véritable sagesse ne peut être ni apprise, ni enseignée.

C’est un état d’esprit, auquel parvient celui qui vit en harmonie avec la nature.

La science est superficielle, si nous la comparons avec l’étendue de l’inconnu, et l’inconnu seul a de la valeur.

La société produit des coquins, et l’éducation rend un coquin plus malin qu’un autre.

C’est le seul résultat que puissent obtenir des Bureaux scolaires.

En outre, quelle importance philosophique pourrait bien avoir l’éducation, si elle aboutit simplement à rendre un homme différent de son voisin ?

Nous arrivons en définitive à un chaos d’opinions, au doute universel ; nous tombons dans la vulgaire habitude d’argumenter, et celui-là seul argumente, qui est perdu au point de vue intellectuel.

Voyez plutôt Hui-Tzu.

« C’était un homme à idées nombreuses. Les œuvres rempliraient cinq chariots, mais ses doctrines étaient paradoxales ».

Il disait qu’il y avait des plumes dans un œuf, parce que le poussin a des plumes ; qu’un chien pouvait être un mouton, parce que les noms sont arbitraires ; qu’il y a un moment où une flèche au vol rapide n’est ni en mouvement, ni en repos ; que si vous prenez un bâton d’un pied de long, et que vous le coupiez chaque jour en deux, vous n’arriverez jamais à la fin ; qu’un cheval bai, et une vache brune font trois,