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Ils sont destructeurs d’eux-mêmes, parce qu’ils engendrent l’anarchie.

« Jadis, nous dit-il, l’Empereur Jaune fut le premier à faire en sorte que la charité et le devoir envers le prochain se mêlassent avec la bonté naturelle du cœur humain. En conséquence de cela, Yao et Shun s’usèrent les poils des jambes à se donner du mal pour nourrir leur peuple. Ils dérangèrent leur économie interne afin de faire de la place à des vertus artificielles. Ils épuisèrent leurs énergies à fabriquer des lois, et ce furent tout autant de fiascos.

Le cœur humain, poursuit notre philosophe, peut être ralenti par force ou surmené, mais dans l’un et l’autre cas, le dénouement est fatal. »

Yao rendit le peuple trop heureux. Aussi celui-ci ne fut-il point satisfait.

Chieh le rendit trop misérable. Aussi fut-il mécontent.

Alors tout le monde se mit à raisonner sur la meilleure manière de raccommoder la société.

Il est parfaitement clair qu’il faut faire quelque chose, se dirent les gens les uns aux autres, et alors il y eut une ruée générale vers la science.

Les résultats furent si terribles que le Gouvernement d’alors dut introduire la Contrainte, et la conséquence fut que les hommes vertueux cherchèrent un refuge dans les cavernes des montagnes, pendant que les maîtres de l’État restaient à trembler dans les demeures des ancêtres.

Alors, comme toutes choses étaient dans un parfait chaos, les Réformateurs de la Société montèrent sur