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nue d’imagination. Certaines sont terribles en leur ardente intensité de passion.

La poésie anglaise ne court point le danger de se rétrécir en une forme aussi étroite que la ballade romantique en dialecte.

Elle est d’une vitalité trop forte pour cela.

Nous pouvons donc saluer les essais que fait d’une manière magistrale M. Swinburne, avec l’espoir qu’on n’imitera point les choses qui ne se prêtent point à l’imitation.

Le recueil se termine par quelques poésies sur les enfants, quelques sonnets, une thrénodie sur John William Inchbold, et une charmante pièce lyrique intitulée les Interprètes :

     Dans la pensée humaine toutes choses ont une habitation ; nos jours
     rient, abaissent et allègent le passé, et ne trouvent aucune place
     qui dure. Mais la pensée et la foi sont choses trop puissantes pour
     que le temps puisse les entamer, quand une fois elles ont été
     rendues splendides par la parole ou sublimées par le chant. Le
     souvenir, alors même que le flux et le reflux du changement mobile
     se lasse de vieillesse, donne à la terre et aux cieux, par l’effet
     du chant et celui de l’âme, leur gloire.

Certainement, « dans l’intérêt du chant » nous aimerions l’œuvre de M. Swinburne, et même nous ne pouvons ne pas l’aimer, tant il est un merveilleux artiste en musique.

Mais qu’y a-t-il d’âme ?

Pour l’âme, nous devons chercher ailleurs.