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Il faut reconnaître qu’il en est ainsi.

Il nous a lassés par sa monotonie : Feu et Mer, voilà les deux mots qu’il a toujours sur les lèvres.

Nous devons aussi avouer que ce chant suraigu — tout admirable qu’il soit, — nous laisse hors d’haleine.

Voici un passage tiré d’une pièce intitulée : Un mot avec le Vent.

Que l’éclat du soleil soit nu ou voilé, le ciel superbe ou caché d’un linceul, que l’eau soit calme, lâche, languissante, tourmentée, agacée, agile ou entravée, pâle et patiente, vêtue de feu ou de nuée, se torture vainement le cœur, on donne en replis de serpents, c’est vers toi qu’elle regarde, aveugle et déçue, lasse, épuisée de colère, repoussée éternellement par les vents qui bercent l’oiseau, des vents qui pareils à la poitrine des mouettes, triomphent de la mer, et ordonnent aux vagues mornes d’être aussi lasses que des cœurs qui succombent aux espoirs retardés, que le clairon sonne de l’ouest, que le sud rende témoignage de l’éclat dont résonnent et brillent les splendeurs de ta divinité, ordonne à la terre qu’elle se réjouisse de voir les larges ailes du vent de terre brisées, ordonne à la mer de prendre courage, ordonne au monde d’être à toi !

Des vers de cette sorte méritent peut-être un juste éloge pour la force soutenue et la vigueur de leur arrangement métrique. L’excellence purement technique en est extraordinaire. Mais est-ce plus qu’un tour de force oratoire ?

Cela suggère-t-il vraiment quelque chose ? Cela charme-t-il ?

Pourrions-nous relire et relire encore avec un nouveau plaisir ? Nous ne le croyons pas. Cela nous paraît vide.