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Un roman par un liseur de pensée[1].

On pourrait dire bien des choses en faveur du système qui consiste à lire un roman à rebours.

En général, la dernière page est la plus intéressante, et lorsqu’on commence par la catastrophe, ou le dénouement, on se sent en termes agréables de familiarité avec l’auteur.

C’est comme si on allait dans les coulisses d’un théâtre. On n’est plus mis dedans, et quand il s’en faut de l’épaisseur d’un cheveu que le héros ne périsse, quand l’héroïne est dans les transes les plus angoissantes, cela vous laisse parfaitement froid.

On connaît le secret jalousement gardé, et on peut se permettre de sourire on voyant l’anxiété tout à fait superflue que les marionnettes de la pièce croient de leur devoir de témoigner.

Dans le cas du roman de M. Stuart Cumberland, l’Insondable profondeur, ainsi qu’il l’intitule, la dernière page donne un vrai frisson, et nous rend curieux d’en savoir plus sur Brown, le médium.

  1. Pall Mall Gazette, 5 juin 1889.