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il faut avoir la rusticité d’esprit de Wordsworth, avec des bottes et des bas tout aussi grossiers.

»C’est parce que bien des gens sentent la nécessité de s’expliquer qu’ils arrivent à prendre l’habitude de dire ce qui n’est point vrai. La femme avisée ne s’obstine jamais à donner une explication.

»L’amour peut faire de son univers une solitude à deux, le mariage ne le peut pas.

»Monogame de nom, toute société cultivée est polygame ; souvent même polyandrique.

»Les moralistes disent qu’une âme devrait résister à la passion. Ils pourraient aussi bien dire qu’une maison devrait résister à un tremblement de terre.

»Le monde entier est en ce moment même à genoux devant les classes pauvres. On prend pour accordé qu’elles possèdent toutes les vertus cardinales, et que la propriété de tout genre est seule coupable.

»En général, les hommes ne prennent point en pitié les larmes des femmes, et quand c’est une femme de leur entourage qui pleure, ils se bornent à sortir, en fermant la porte avec fracas.

»Les hommes croient toujours les femmes injustes à leur égard, quand elles omettent de déifier leurs faiblesses.

»Jamais passion, une fois rompue, ne supportera le renouvellement.

»Le sentiment perd sa force et sa délicatesse, quand nous le regardons trop souvent au microscope.

»Tout ce qui n’est pas flatterie paraît injustice à la femme.

»Quand la société s’aperçoit que vous la prenez pour une bande d’oies, elle se venge en sifflant à grand bruit derrière votre dos. »


Pour des descriptions de paysage et d’art, nous les trouvons naturellement en grand nombre, et il est impossible de méconnaître la touche d’Ouida dans ce qui suit :