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tèrent à faire ce qui ne devait point être fait, et à ne point faire ce qu’il fallait faire.

« La race irlandaise a toujours été bruyante, inutile, incapable de résultats. Elle n’a rien produit, elle n’a rien fait qui puisse être admiré. Ce qu’elle est, elle le fut toujours et le seul espoir qui leur reste c’est que leur ridicule nationalité irlandaise soit ensevelie et oubliée.

« Les Irlandais sont les meilleurs acteurs du monde.

« L’ordre est une plante exotique en Irlande : il a été importé d’Angleterre, mais il ne peut s’enraciner. Il ne s’accommode ni au sol, ni au climat. Si les Anglais tenaient à avoir de l’ordre en Irlande, ils ne laisseraient pas un de nous vivant.

« Quand les pouvoirs gouvernants sont injustes, la nature reprend ses droits.

« L’anarchie elle-même a ses avantages. « La nature tient exactement ses comptes… Plus on tarde à payer un billet, plus lourds sont les intérêts accumulés.

« Vous ne sauriez vivre en Irlande sans enfreindre les lois dans un sens ou dans l’autre. Donc : pecca fortiter,… comme disait Luther.

« La vitalité animale de l’Irlandais a survécu quand tout le reste avait disparu, et s’ils vivent sans avoir de but, ils jouissent du moins de l’existence.

« Les paysans irlandais savent rendre la vie dans le pays impossible à un gentleman protestant, mais ils ne sont pas capables d’autre chose. »

Ainsi que nous l’avons dit, si M. Froude se proposait par son livre d’aider le gouvernement Tory à résoudre la question irlandaise, il a absolument manqué son but.

L’Irlande, dont il parle, a disparu.

Toutefois, comme témoignage de l’incapacité d’un peuple teutonique à gouverner un peuple celtique contre le gré de celui-ci, son livre n’est pas sans valeur.