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qu’épigrammes, ils ne sont pas très heureux, mais à certains points de vue, ils offrent de l’intérêt.

« La société irlandaise s’est développée au milieu d’une heureuse insouciance. L’insécurité en rendait la jouissance plus piquante.

« Nous autres Irlandais, nous devons rire ou pleurer. Si nous prenions le part des pleurs, nous nous pendrions tous.

« Un rapport trop intime avec les Irlandais a produit une déchéance à la fois dans le caractère et dans la religion partout où les Anglais se sont établis.

« Avec le whiskey et les têtes cassées, nous vieillissons vite en Irlande.

« Les leaders irlandais ne peuvent combattre. Ils peuvent rendre le pays ingouvernable et occuper une armée anglaise exclusivement à les surveiller.

« Aucune nation ne peut conquérir, autrement que par les armes sur le champ de bataille, une liberté qui ne soit point un fléau pour elle.

« Dès le berceau on enseigne (aux Irlandais) que le gouvernement par l’Angleterre est la cause de toutes leurs misères. Ils étaient tout aussi malheureux sous leurs propres chefs, mais ils supporteraient de la part de leurs leaders naturels ce qu’ils ne supporteraient point de la nôtre, et si nous n’avons point empiré leur sort, nous ne l’avons pas non plus rendu meilleur.

« Patriotisme ? Oui, patriotisme dans le genre Hibernois. Le pays a été mal traité : il est pauvre et misérable. C’est le fond de commerce du patriote. Tient-il à ce qu’on y porte remède ? Oh ! que non pas. Il n’aurait plus d’occupation.

« La corruption irlandaise est la sœur jumelle de l’éloquence irlandaise.

« L’Angleterre ne veut pas nous laisser casser la tête à nos coquins : elle ne veut pas les casser elle-même. Nous sommes un pays libre, et nous devons en accepter les conséquences.

« Les fonctions du Gouvernement Anglo-Irlandais consis-