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« Le soleil disparaît brusquement, et les mopokes, lâchent d’horribles éclats de rire à demi-humain.

« Les indigènes prétendent que, la nuit venue, des profondeurs insondables d’une lagune monte un monstre informe, qui traîne sur la vase un long corps répugnant.

« D’un coin de la forêt part un chant plein de tristesse, et autour d’un feu les indigènes dansent, peints en squelette[1].

« Tout inspire la crainte, tout est sombre. »

Point de brillante fantaisie autour des souvenirs qui s’attachent aux montagnes. Des explorateurs à bout d’espoir leur ont donné les noms de leurs souffrances : Mont Misère, Mont de la Terreur, Mont du Désespoir.

« C’est justement en Australie, dit M. Clarke, qu’on trouvera le grotesque, l’étrange, les mystérieux gribouillages de la Nature qui apprend à écrire. Mais l’homme qui habite le désert en arrive à trouver un charme subtil à ce fantastique pays de monstruosités.

« Il devient familier avec la beauté de la solitude.

« Prêtant l’oreille aux murmures des myriades de voix de la solitude, il apprend le langage de la stérilité, du difforme, il arrive à lire les hiéroglyphes des gommiers hagards, éclatés en formes étranges, tordus par des vents furieux, ou recroquevillés par les froides nuits, lorsque la Croix du Sud se gèle au milieu d’un ciel sans nuage, d’un bleu de glace.

  1. Voir les illustrations du curieux volume Les débuts de Botany Bay, souvenirs d’un convict, publiés par Albert Savine (1911).