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Les classiques exercèrent toujours une grande fascination sur Gordon. Il aimait ce qu’il appelle : « le rouleau à la fois divin et grec » bien qu’il ne soit pas sûr de ses quantités, qu’il fasse rimer « Polyxena » et « Athéna », « Aphrodite » et « Light » et que parfois il émette des assertions très hasardées, par exemple quand il représente Léonidas criant aux Trois-Cents des Thermopyles :

    Ho ! camarades, dinons gaîment :
    Ce soir nous souperons avec Platon !

A moins qu’il n’y ait là, ainsi que nous l’espérons, une faute d’impression.

Ce que les Australiens aimaient le plus, c’étaient ses poésies de courses de chevaux, de chasse, pièces qui avaient de l’entrain, avec quelque rudesse.

Et même il ne se décida à sortir de l’anonymat, à se montrer dans le rôle franchement accepté d’écrivain en vers, que quand il s’aperçut que « Comment nous avons battu le favori » était dans la bouche de tous.

Jusqu’à ce jour là, il avait produit ses pièces en cachette, les griffonnant sur des bouts de papier, et les envoyant non signés aux Magazines.

Le fait est que l’atmosphère sociale de Melbourne n’était point favorable aux poètes, que les braves colons paraissent avoir douté, avec Aubrey, que la poésie fût une chose véritablement honnête.

Ce fut seulement lorsque Gordon eut gagné la Coupe du steeple-chase pour le major Baker, en 1868 qu’il devint vraiment populaire, et il y eut probablement bien des gens qui trouvèrent que diriger Babillard