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ves d’une époque où la vie avait quelque chose de poétique qui lui était propre, où elle était simple, imposante et complète.

L’intérêt tragique de La Maison des Wolfings se concentre autour de Thiodolf, le grand héros de la tribu.

La déesse, dont il est aimé, lui donne, au moment où il va livrer bataille aux Romains, un haubert magique auquel est attaché un étrange destin : celui qui le portera sera invulnérable, mais il causera la perte de son pays.

Thiodolf découvre ce secret et rapporte le haubert à Soleil des Bois, — ainsi se nomme-t-elle, — et préfère sa propre mort à la ruine de sa cause.

Ainsi finit l’histoire.

Mais M. Morris a toujours mieux aimé le roman que la tragédie, et place le développement de l’action au-dessus de la concentration de la passion.

Son récit est semblable à une vieille et splendide tapisserie toute pleine de personnages imposants et enrichie de détails délicats et charmants.

L’impression, qu’elle laisse en nous, n’est point celle d’une figure centrale qui domine l’ensemble, mais plutôt d’un magnifique dessin, auquel tout est subordonné, et par lequel tout acquiert une signification durable.

C’est le tableau d’ensemble de la vie primitive, qui exerce une réelle fascination.

Ce qui, entre d’autres mains n’aurait été que de l’archéologie est transformé ici par un instinct artistique vivant, nous est présenté sous un aspect merveilleux, mais humain, et plein d’un intérêt élevé.