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Les tentatives de ce genre ne sont point chose rare dans l’histoire de l’art.

C’est d’un sentiment analogue que sont sortis le mouvement préraphaélite de nos jours et la tendance archaïque de la sculpture grecque à son époque postérieure.

Quand le résultat est beau, le procédé est justifié. Les cris aigus, de ceux qui s’obstinent à réclamer une absolue modernité comme une prétendue nécessité, ne sauraient prévaloir contre la valeur d’une œuvre qui possède l’incomparable excellence du style.

Il est certain que l’œuvre de M. Morris possède cette excellence.

Ses belles harmonies, ses riches cadences créent chez le lecteur cet esprit sans lequel son esprit ne peut être interprété, éveillent en lui quelque chose du caractère romanesque, et le tirant de son propre siècle le placent dans un rapport meilleur et plus vivant avec les grands chefs-d’œuvre de tous les temps.

C’est chose mauvaise pour un siècle que de regarder sans cesse dans l’art pour y trouver son image.

Il est bon que de temps à autre, on nous donne une œuvre noblement imaginative en sa méthode et purement artistique dans son but.

En lisant le récit de M. Morris avec ses belles alternances de vers et de prose, avec sa façon merveilleuse de traiter les sujets de roman et d’aventures, nous ne pouvons nous soustraire à la sensation d’être transportés aussi loin de la fiction ignoble que nous le sommes des faits ignobles de notre temps.

Nous respirons un air plus pur, nous avons des rê-