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Il lui manque l’unité centrale du vrai poème épique dans le sens que nous donnons à ce mot.

On y trouve bien des héros, outre Wainamoinen.

C’est à proprement parler un recueil de chants populaires et de ballades.

Son antiquité ne donne aucune prise au doute : il est païen d’un bout à l’autre, même la légende de la vierge Mariatta, à qui le soleil indique l’endroit « où est caché son bébé d’or »,

    Là-bas est ton enfant d’or,
    Là repose endormi ton saint enfant,
    caché jusqu’à la ceinture dans l’eau,
    caché dans les joncs et les roseaux,

est nettement antérieure au christianisme, selon tous les savants.

Les Dieux sont surtout des dieux de l’air, de l’eau, de la forêt.

Le plus grand est le dieu du ciel, Ukks, qui est « le père des Brises », « le Pâtre des agneaux-nuages ». L’éclair est son glaive, l’arc-en-ciel son arc ; son jupon lance des étincelles de feu, ses bas sont bleus, et ses souliers de couleur cramoisie.

Les filles du Soleil et de la Lune sont assises sur les bords écarlates des nuages et tissent les rayons de lumière en une toile brillante.

Untar préside aux brouillards et aux brumes, et les passe à travers un tamis d’argent avant de les envoyer sur la terre.

Ahto, le dieu de la vague, habite « avec son épouse au cœur froid et cruel » Wellamo, au fond de la mer