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franchement le poème de l’amour et de la faculté d’aimer — bien que des sens, qui, d’ordinaire, n’accompagnent point ces mots, soient toujours derrière eux et doivent se montrer en temps opportun, et tous sont l’objet d’un effort pour les soulever jusqu’en une atmosphère et une lumière différente.

« Au sujet de ce trait rendu intentionnellement palpable dans quelques vers, je dirai seulement que le principe qui s’applique à ces vers donne si bien le souffle à toute entreprise que la presque totalité de mes poésies auraient pu n’être jamais écrites, si ces vers en avaient été omis…

« Si certains faits et symptômes de sociétés sont universels… rien n’est plus rare dans les conventions et dans la poésie moderne, que leur acceptation normale.

« La littérature mande sans cesse le médecin pour le consulter, pour se confesser, et sans cesse elle recourt aux faux-fuyants, aux langes des suppressions au lieu de cette « héroïque nudité » qui seule peut servir de base à un diagnostic sincère.

« Et en ce qui concerne les éditions futures des Brins d’herbes (s’il y en a) je profite de l’occasion présente pour donner à ces lignes la confirmation définitive de convictions, de répétitions volontaires après trente ans, et pour y interdire ici-même, autant qu’un mot de moi peut le faire, toute mutilation ».

Mais au-delà de tous ces accents, éclats d’âme, motifs, il y a le hautain courage qui fait accepter avec grandeur et franchise toutes les choses qui méritent d’exister.