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un thème, une pensée, qu’à vous porter, lecteur, dans l’atmosphère du thème, ou de la pensée, — pour que vous poursuiviez votre propre vol. »

Un autre mot-tremplin est Camaraderie et d’autres mots-signes Bonne chère, Contentement, Espoir.

C’était l’individualité que Walt Whitman cherchait particulièrement.

« Du commencement jusqu’à la fin, j’ai fait porter l’effort de mes poésies sur l’individualité américaine, pour l’assister, — non seulement parce qu’elle est une grande leçon dans la nature, dans l’ensemble de ses lois généralisantes, mais encore comme contrepoids aux tendances niveleuses de la démocratie — et pour d’autres raisons.

« Me défiant des conventions ostensibles littéraires et autres, je chante franchement « le grand orgueil que l’homme ressent de lui-même » et j’en fais plus ou moins le motif de presque tous mes vers.

« Je crois cet orgueil indispensable à tout Américain.

« Je ne le juge point incompatible avec l’obéissance, l’humilité, la déférence et le doute de soi ».

Il fallait aussi trouver un thème nouveau dans la relation des sexes, conçue sous une forme naturelle, simple et saine, et M. Walt Whitman proteste contre la tentative que fit le pauvre M. William Rossetti pour traiter son vers à la Bowdler[1] et l’expurger.

« A un autre point de vue, les Brins d’herbes sont

  1. Thomas Bowdler (1735-1823), éditeur d’éditions expurgées des classiques. (Note du traducteur).