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Son dernier ouvrage : « Brindilles de Novembre », — tel est le titre qu’il lui donne, — publié dans l’hiver de la vie du vieillard, nous révèle, non point à vrai dire, la tragédie d’une âme, car la dernière note en est une de joie et d’espoir, et de noble, d’invincible foi en tout ce qui est beau et digne d’une telle foi, — mais à coup sûr, le drame d’une âme humaine.

Il expose avec une simplicité pénétrée à la fois de douceur et de force, le récit de son développement spirituel, du but et du motif qui ont donné à son œuvre sa manière et son sujet.

Son étrange mode d’expression apparaît en ces pages, comme le résultat d’un choix délibéré en pleine conscience.

Le « barbare coup de gosier » qu’il a jeté par-dessus « les toits du monde », il y a bien des années, et qui arracha aux lèvres de M. Swinburne un si hautain panégyrique en vers et une censure aussi bruyante en prose, se montre ainsi sous un jour qui sera entièrement nouveau pour plus d’un.

En effet, Walt Whitman est artiste presque dans son parti-pris d’écarter l’art.

Il s’est efforcé de produire un certain effet par certains moyens, et il a réussi.

Il y a bien de la méthode dans ce que beaucoup de gens ont appelé sa folie, et certains se figureront peut-être en effet qu’il y en a trop.

Dans l’histoire de sa vie, telle qu’il nous la raconte, nous le trouvons, à l’âge de seize ans, commençant une étude précise et philosophique de la littérature.