Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le tarif est un shelling par heure, auquel de grands artistes ajoutent les frais d’omnibus.

Les deux meilleures qualités en elles sont leur extrême joliesse et leur extrême respectabilité.

Considérées en bloc, elles ont une conduite excellente, surtout celles qui posent pour la figure, fait curieux ou naturel, suivant l’idée qu’on se fait de la nature humaine.

Généralement elles font de bons mariages. Parfois elles épousent l’artiste.

Il est aussi terrible pour un artiste d’épouser son modèle que pour un gourmet d’épouser sa cuisinière : le premier n’obtient plus de poses, le second n’a plus à dîner.

En somme, les modèles féminins anglais sont des êtres très naïfs, très naturels, très accommodants.

Les vertus, que l’artiste apprécie le plus en elles, sont la joliesse et l’exactitude.

En conséquence, un modèle raisonnable tient note par écrit de ses engagements et s’habille proprement.

Naturellement la morte-saison, c’est l’été, où les artistes quittent la capitale. Mais depuis quelques années, certains artistes ont décidé leurs modèles à les suivre et la femme d’un de nos peintres les plus charmants a souvent à la campagne la charge d’hospitaliser trois ou quatre modèles, de telle sorte que le travail de son mari et des amis de celui-ci ne soit point interrompu.

En France, les modèles émigrent en masse dans les villages qui ont un petit port sur la côte, ou dans les hameaux forestiers où les peintres se groupent.