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Bien qu’aucune d’elles ne sache parler grec, il y en a beaucoup qui peuvent prendre l’air grec, ce qui, naturellement est d’une grande importance pour un peintre du dix-neuvième siècle.

Leurs remarques se bornent aux banalités qui ont cours au pays de Bohême.

Cependant, quoiqu’elles soient incapables d’apprécier l’artiste, en tant qu’artiste, elles sont toutes disposées à apprécier l’artiste en tant qu’homme.

Elles sont très sensibles aux bons procédés, au respect et à la générosité.

Un modèle, d’une grande beauté, qui avait posé pendant deux ans pour un de nos peintres anglais les plus distingués, était fort montée contre un marchand ambulant de glaces à un penny.

Le jour où elle se maria, le peintre lui envoya un joli cadeau de noces et reçut en retour une belle lettre de remercîments avec ce post-scriptum remarquable :

« N’achetez jamais les glaces vertes ».

Quand elles sont fatiguées, l’artiste avisé leur accorde du repos.

Alors elles prennent une chaise et lisent des horreurs à un penny jusqu’à ce que, lasses de la tragédie en littérature, elles reprennent leur place dans la tragédie artistique.

Quelques-unes fument des cigarettes.

Toutefois les autres modèles regardent cela comme une preuve de manque de sérieux, et généralement on ne l’approuve pas.

Elles sont engagées à la journée et à la demi-journée.