En fait, le modèle, au sens propre du mot, est le produit direct des écoles académiques.
De nos jours, chaque pays, excepté l’Amérique, a ses modèles.
A New-York, et même à Boston, un bon modèle est une telle rareté que la plupart des artistes sont réduits à peindre des Niagara et des millionnaires. Mais en Europe il en est autrement.
Là nous avons des modèles en grand nombre, et de toute nationalité.
Les modèles italiens sont les meilleurs.
La grâce naturelle de leurs attitudes, ainsi que le merveilleux pittoresque de leur teint, fait d’eux des sujets faciles, — peut-être trop faciles, — pour la brosse du peintre.
Les modèles français, quoiqu’ils ne soient pas aussi beaux que les modèles italiens, possèdent une vivacité de sympathie intellectuelle, un don de comprendre l’artiste, qui est tout à fait remarquable.
Ils ont aussi un grand empire sur les variétés de l’expression faciale. Ils sont particulièrement dramatiques et savent jacasser l’argot d’atelier avec autant d’aisance que le critique du Gil-Blas.
Les modèles anglais forment une classe complètement à part.
Ils n’ont point le pittoresque des Italiens. Ils n’ont point la vivacité d’intelligence des Français. Ils sont absolument dépourvus de tradition de leur ordre, pour ainsi dire.
De temps à autre, un antique vétéran frappe à la porte d’un atelier et propose de poser pour Ajax dé-