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Duchesse de Devonshire, de laquelle Gibbon a dit qu’elle était faite pour être quelque chose de mieux qu’une Duchesse ; les deux admirables sœurs, Lady Dufferin et Mistress Norton ; Mistress Tighe, dont Keats lut avec plaisir la Psyché ; Mistress Hemans ; la jolie, charmante « Perdita », qui flirta tour à tour avec la Poésie et avec le Prince Régent, joua divinement dans le « Conte d’Hiver », fut brutalement attaquée par Gifford et nous a laissé une touchante petite poésie sur la boule-de-neige ; et Emilie Bronté, dont les poésies sont empreintes d’une force tragique et paraissent souvent sur le point d’atteindre à la grandeur.

Les vieilles modes en littérature ne sont pas aussi agréables que les vieilles modes dans le costume.

J’aime le siècle de la poudre mieux que le siècle de Pope.

Mais si l’on préfère le point de vue historique, — et en somme c’est le seul où nous devions nous placer pour apprécier avec justice une œuvre qui n’est pas absolument de premier ordre, — nous ne pouvons éviter de remarquer que bon nombre des poétesses anglaises, qui ont précédé Mistress Browning, furent des femmes d’un talent peu ordinaire, et que si la plupart d’entre elles regardèrent la poésie comme un simple compartiment des belles-lettres, il en fut de même pour leurs contemporains dans le plus grand nombre des cas.

Depuis l’époque de Mistress Browning, nos bois se sont remplis d’oiseaux chanteurs, et si je me risque à leur demander de s’adonner davantage à la prose, et moins au chant, ce n’est pas que je goûte la prose poétique, mais c’est que j’aime la prose des poètes.