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M. Pater, qui, grâce à la subtile perfection de sa forme, est absolument inimitable, et M. Froude qui est utile ; et M. George Meredith, qui est un avertissement, et M. Lang, qui est le divin amateur, et M. Stevenson, qui est l’artiste humain, et M. Ruskin, dont le rythme, et la couleur, et la belle rhétorique et la merveilleuse musique de mots sont absolument hors de portée.

Mais la prose de tous les jours, celle qu’on lit dans les Magazines et dans les journaux est terriblement morne et encombrante, lourde en ses mouvements, gauche et exagérée dans son expression.

Il peut se faire qu’un jour nos femmes de lettres s’adonnent plus décidément à la prose.

Leur légèreté de touche, leur oreille exquise, leur sentiment délicat de l’équilibre et de la proportion ne nous seraient pas peu utiles.

Je me figure aisément les femmes introduisant une manière nouvelle dans notre littérature.

Toutefois nous avons ici affaire aux femmes en tant que poétesses, et il est intéressant de remarquer que, quoique l’influence de Mistress Browning ait, sans contredit, contribuée puissamment à développer ce mouvement poétique nouveau, si je puis l’appeler ainsi, il semble cependant n’y avoir jamais eu pendant les trois derniers siècles, aucune époque où les femmes de ce royaume n’aient cultivé sinon l’art, du moins l’habitude d’écrire en vers.

Quelle fut la première poétesse anglaise ?

Je ne saurais le dire.

Je crois que ce fut l’Abbesse Juliana Berners, qui vécut au quinzième siècle, mais je ne doute point que