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Il serait tout à fait impossible de donner une liste complète de toutes les femmes qui depuis Mistress Browning se sont essayées sur le luth et la lyre.

Mistress Pfeiffer, Mistress Hamilton King, Mistress Augusta Webster, Graham Tomson, Miss Mary Robinson, John Ingelow, Miss May Kendall, Miss Nesbit, Miss May Probyn, Mistress Craik, Mistress Meynell, Miss Chapman, et bien d’autres ont fait vraiment de bonnes choses en poésie, soit dans le grave mode dorien de la poésie pensive, intellectuelle, soit dans les formes légères et gracieuses de l’ancienne poésie française, soit dans le genre romantique de l’antique ballade, soit dans ce « monument d’un moment » comme s’exprimait Rossetti, le sonnet tendu et concentré.

Parfois on est tenté de désirer que cette faculté artistique si vive que les femmes possèdent, à n’en pas douter, se développe un peu plus dans le sens de la prose, un peu moins dans le sens des vers.

La poésie est faite pour nos moments de haute exaltation, quand nous souhaitons être auprès des Dieux, et, dans notre poésie rien ne saurait nous satisfaire, sinon ce qui est d’un mérite supérieur, mais la prose est réservée pour notre pain quotidien, et le défaut de bonne prose est une des grandes taches de notre civilisation.

La prose française même maniée par des écrivains les plus ordinaires, est toujours remarquable, mais la prose anglaise est détestable.

Nous avons un petit nombre, un très petit nombre de maîtres, tels quels.

Nous avons Carlyle, qu’il faut se garder d’imiter,