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Chapelle Sixtine de Rome, rêvant sur le volume mystérieux et s’efforçant de déchiffrer les secrets du destin. Car elle a bien compris que si savoir c’est pouvoir, la souffrance fait partie de la connaissance.

C’est à son influence presque autant qu’à la plus haute éducation des femmes, que je serais porté à attribuer le réveil vraiment remarquable de la poésie féminine qui caractérise la dernière moitié de notre siècle en Angleterre.

Aucun pays n’a jamais eu autant de poétesses à la fois.

En vérité, quand on songe que les Grecs n’eurent que neuf muses, on est parfois tenté de se dire que nous en avons trop.

Et pourtant l’œuvre accomplie par les femmes dans la sphère de la poésie atteint véritablement à un niveau fort élevé d’excellence.

En Angleterre, nous avons eu toujours de la tendance à déprécier la valeur de la tradition en littérature.

Dans notre empressement à trouver une voix musicale nouvelle et un mode musical plus jeune, nous avons oublié la beauté que peut posséder Echo.

Nous cherchons d’abord l’individualité et la personnalité, et c’est là, à vrai dire, ce qui caractérise le mieux les chefs-d’œuvre de notre littérature, tant en prose qu’en vers.

Mais une culture systématique, et l’étude des meilleurs modèles, si elles s’unissent à un tempérament artistique, à une nature ouverte à d’exquises impressions, peut produire bien des choses admirables, bien des choses dignes d’éloge.