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que celles qu’on rencontre parfois dans les poésies de Mistress Browning.

Mais sa rudesse n’était point le résultat de la négligence.

Elle était voulue, comme le montrent fort clairement ses lettres à M. Horne.

Elle se refusait à passer sa muse au papier émerisé.

Elle avait en haine le lustrage facile et le poli artificiel.

Elle était artiste, même quand elle écartait l’art.

Elle entendait produire un certain effet par certains moyens, et elle y réussissait, et son indifférence à l’égard de l’assonance complète dans les rimes donne souvent à son vers une richesse splendide et y introduit un élément agréable de surprise.

En philosophie ; elle était platonicienne ; en politique, elle était opportuniste.

Elle ne s’attacha à aucun parti déterminé.

Elle aimait le peuple quand il se montrait royal, et les rois quand ils se montraient des hommes.

Elle avait les idées les plus élevées sur la valeur réelle et le motif de la poésie.

« La poésie, dit-elle dans la préface d’un de ses volumes, a été pour moi une chose aussi sérieuse que la vie elle-même, et la vie a été une chose très sérieuse. Ni l’une ni l’autre n’ont été pour moi une partie de volant. Je n’ai jamais commis l’erreur de prendre le plaisir pour la cause finale de la poésie, ni le loisir comme l’heure favorable au poète. J’ai accompli ma tâche en ceci, non point comme simple travail de la tête et de la main, indépendant de la personnalité,