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    elle est vivante, — la poétesse à la grande âme qui vit
    des fenêtres de la Casa Guida l’aube de la Liberté
    se lever sur l’Italie, et qui en rendit la gloire,
    en hymnes ensoleillés, à toute l’humanité.

Vraiment, elle est vivante, et non seulement au cœur de l’Angleterre de Shakespeare, mais aussi au cœur de l’Italie de Dante.

A la littérature grecque, elle dut sa culture classique, mais l’Italie moderne créa sa passion humaine pour la Liberté.

Après avoir franchi les Alpes, elle se sentit pleine d’une ardeur nouvelle, et de sa belle et éloquente bouche, que nous revoyons dans ses portraits, sort un flot de chant lyrique si noble, si majestueux que nous n’avons rien entendu de comparable sur les lèvres d’aucune femme, depuis plus de deux mille ans.

Il est agréable de se dire qu’une poétesse anglaise a été dans une certaine mesure un facteur efficace dans cette création de l’unité italienne qui fut le rêve de Dante, et si Florence chassa en exil son grand chanteur, du moins elle accueillit avec empressement dans ses murs la poétesse, qu’en ces derniers temps, lui avait envoyée l’Angleterre.

Si l’on avait à indiquer les principales qualités de l’œuvre de Mistress Browning, on nommerait, comme M. Swinburne l’a fait pour Byron, la sincérité et la force.

Il y a des défauts, naturellement.

« Elle ferait rimer lune avec table, » a-t-on dit d’elle par plaisanterie, et certes l’on ne trouverait point dans toute la littérature de rimes aussi monstrueuses