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que nous étions plus riches que le Moyen-Age, et qu’ainsi nous devrions être mieux en mesure d’encourager cette façon charmante de couvrir les murs, qui est absolument sans rivale au point de vue du ton artistique.

Il a dit que la limitation imposée par la matière et la forme obligeait même le dessinateur doué d’imagination à nous créer quelque chose de vraiment beau et décoratif.

« A quoi bon mettre l’artiste dans un champ de douze acres et lui dire de dessiner une maison ? Donnez-lui un espace limité, et il se voit obligé par cette limitation, à concentrer et à remplir uniquement de choses attrayantes la surface étroite dont il dispose ».

L’ouvrier donne aussi au dessin original une très parfaite richesse de détail, et les fils, avec leur couleur variée et leurs délicats reflets, ajoutent à l’œuvre une nouvelle source de plaisir.

« Là, a-t-il dit, nous trouvons une parfaite unité entre l’artiste doué d’imagination et l’ouvrier manuel. »

Le premier n’avait point une liberté excessive ; le second n’était point un esclave.

L’œil de l’artiste voyait, son cerveau concevait, son imagination créait, mais la main du tisserand avait aussi son rôle dans l’œuvre merveilleuse. Elle ne copiait pas une chose déjà faite, mais créait une seconde fois, donnait une forme nouvelle et attrayante à un dessin qui avait besoin, pour atteindre à sa perfection, du concours de la navette, et devait traverser une matière différente et admirable avant que sa beauté eût une véritable floraison, pour qu’elle s’épanouit en une expression absolument juste, en effet artistique.