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méconnaissance d’un des éléments les plus importants de la fiction française.

Et même dans les étroites limites que M. Caro s’est fixées, on ne saurait dire qu’il soit un critique fort heureux, fort pénétrant.

Pour en citer un exemple, parmi beaucoup d’autres, il ne dit pas un mot de la façon charmante dont George Sand parle des choses d’art et de la vie des artistes.

Et pourtant comme elle est exquise dans ses analyses de chaque art en particulier, et dans la manière dont elle nous en représente les rapports avec la vie !

Dans Consuelo, elle nous parle de la musique ; dans Horace, de la profession d’écrivain ; dans le Château des désertes, de l’art de l’acteur ; de la Mosaïque, dans les Maîtres Mosaïstes ; de la peinture de portrait, dans le Château de Pictordu ; et de la peinture de paysage dans la Daniella.

Ce qu’ont fait pour l’Angleterre Ruskin et M. Browning, elle l’a fait pour la France.

Elle a créé une littérature de l’art.

Mais il est superflu de discuter les menus défauts de M. Caro, car l’effet total de son livre, en tant qu’il cherche à nous faire connaître le but et le caractère du génie chez George Sand, est entièrement gâté par la fausse attitude prise dès le début, et bien que la sentence puisse paraître à bien des gens sévère et même abusive, nous ne pouvons nous empêcher de sentir qu’une incapacité absolue d’apprécier l’esprit d’un grand écrivain n’est point la qualité requise pour écrire un livre sur ce sujet.