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nature, mais il n’est pas moins fatal de se borner à reproduire les faits.

L’art, en un mot, ne doit point se borner à présenter tout simplement un miroir à la nature, car il est re-création plutôt que reflet ; il n’est point une redite, mais plutôt un chant nouveau.

Et quant au fini, il ne faut point le confondre avec le soin du travail.

Une peinture, dit M. Image, a du fini quand les moyens de forme et de couleur employés par l’artiste sont adéquats à l’expression de l’intention de l’artiste.

Sur cette définition et une péroraison en rapport avec la circonstance, il a clos cette conférence intéressante et intellectuelle.

Alors de légers rafraîchissements furent servis à l’auditoire, et l’école de critique five-o’clock tea se mit très en avant.

De certain côté, on commenta assez sévèrement la liberté absolue de M. Image à l’égard du dogmatisme, de l’affirmation personnelle, et un jeune gentleman déclara qu’une modestie aussi vertueuse que celle du conférencier pouvait aisément tourner à la pose la plus blâmable.

Néanmoins tout le monde fut extrêmement satisfait d’apprendre que l’art n’a plus désormais pour devoir de tenir le miroir à la nature, et les quelques Philistins, qui ne partageaient pas cette manière de voir, furent punis par ce châtiment qui est, de tous les châtiments le plus terrible, le dédain des gens de haute culture.