chon, un bouquet de violettes qui exhale le même parfum tiède que celui d’il y a dix ans… elle regarde, elle regarde… et son jour de noces lui revient phase à phase. Elle entend l’écho de toutes ces voix qui leur criaient :
— Soyez heureux, soyez heureux !
Et elle se rappelle comme elle avait foi ; comme il lui semblait que même les choses, même les voix de l’air et le souffle du vent lui redisaient cette phrase, lui donnaient espoir !
Heureux ? — En somme, ils sont heureux ; l’avenir a tenu toutes ses promesses.
Cependant, comme leur bonheur ressemble peu à celui qu’ils entrevoyaient il y a dix ans !
Elle sourit, d’un indéfinissable sourire, à la fois navré et sceptique :
« Eh ! ce bonheur-là ne leur aurait pas suffi ! »
Et se tournant vers son mari :
— Dites, ne trouvez-vous pas qu’il est bien difficile de rattraper une impression, après dix ans ? Les chevaux allaient toujours plus vite, plus vite… la neige continuait à tomber, et le paysage se perdait, uniformément blanc, dans les fuites du lointain et de l’ombre.