Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/348

Cette page n’a pas encore été corrigée

« On conduira Monsieur, en calèche, jusqu’à la hauteur de la rue de Namur, par les boulevards : ainsi, on sera plus longtemps ensemble, tous les trois ; et il fait si beau, si beau ! »

La malle est fermée ; le petit a sa casquette, ses gros gants de futaine, le parapluie d’ordonnance et les caoutchoucs. Madame efface les plis de sa veste, refait son nœud de cravate.

Là… Il va dire au revoir à sa bonne ; il donne un morceau de sucre aux jolis bengalis qui gazouillent dans leur cage dorée ; il embrasse la chambre de Madame d’un long regard d’amour, comme s’il voulait l’emporter toute dans ses yeux.

On part. La voiture attend.

On descend le grand escalier couvert de moquette rouge, lentement, pas à pas. Personne ne dit mot. La maison paraît endormie dans une paix solennelle.

Madame a la prescience que quelque chose de très grave est en train de s’accomplir. C’est une nouvelle étape dans sa vie : son enfant ne lui appartient plus comme autrefois, — elle a un sourire amer, en remarquant que cet autrefois date de la veille. Elle songe que le départ du petit va faire un vide affreux autour d’elle, et son cœur éclate à l’idée de ce que sera le lendemain, de ce que seront tous les lendemains qui vont suivre.