Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

— On se serait en allé ensemble, comme cela… »

Et Madame, gentiment, passait son bras nu sous celui de Monsieur ; et, tandis que l’antique glace à biseau les reflétait tous les deux, en pied elle, radieuse, pimpante, si jeune sous ses bandeaux dorés, sa tête exquise ressortant folâtre et naïve de ce flou vaporeux, couleur d’aurore, avec l’éblouissement de ses belles épaules découvertes, la grâce de son sourire, l’éclat de ses longs yeux bleus ; lui, très pâle, les cheveux hors des tempes, la grande redingote indiquant sa taille trop mince et déjà légèrement voûtée, les lèvres incolores, l’œil atone, les traits lassés, détendus : — sa physionomie des jours d’audience, il fut pris soudain d’un désir fou de ne plus la lâcher, de la suivre et de s’en aller « comme ça, avec elle. »

Alors toute la mer de paperasses gronda, avançant, en grandes vagues murmurantes :

— Non ; il ne pouvait pas quitter. Il lui fallait en finir, vaincre l’envahissement de cette terrible marée.

Il lui mit sa pelisse, lentement, comme à regret, avec des douceurs maternelles. Elle riait ; il retint ce mot qui lui montait aux lèvres :

— Reste !

Il ne le dit pas.

Le flot rose quitta le vaste bureau, dans un