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scintillent aux glaces des hautes fenêtres. C’est le premier feu de la saison.

La bonne chose que ce premier feu !… Si vous saviez comme on se sent « chez soi », à l’aise, chaudement dans ce petit salon bien clos, si délicieusement paisible sous sa demi-obscurité !

Monsieur, assis dans un fauteuil, au coin de la vaste cheminée flamande, tient Madame dans ses bras ; Madame rit et babille : le feu l’amuse extraordinairement et les flammes, en poudrant d’or ses cheveux pâles, en courant tantôt sur ses joues, tantôt sur son menton ou son oreille, donnent à toute sa physionomie chiffonnée et mièvre un éclat particulier, un peu fou, un joli brillant de petite chose éphémère, on ne sait quelle grâce mignarde, quelle fragilité de joujou luxueux et coquet. Monsieur, lui, semble pensif, recueilli ; il sourit il est heureux, mais autrement.

Et, l’idée que ces deux êtres, essentiellement dissemblables, sont unis pour vivre ensemble toujours, paraît excessive, tout à fait invraisemblable.

Monsieur est ému : c’est le premier feu qu’ils font chez eux, dans leur maison ; c’est la première fois qu’ils se tiennent là, enlacés, tout près, tout près, à écouter ce que les grosses bûches racon-