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nous à table, je meurs de faim, répondit Alice sans attacher d’autre importance aux regards furibonds de sa tante.

Vous ferai-je le portrait de miss Théodosia Crach ? En deux mots, c’était une vieille fille, une vraie vieille fille grande, maigre, sèche, raide… ; des mouvements d’automate, des robes de quakeresse ou de méthodiste, — ce qu’elle était du reste, — de grandes dents blanches, de longues mains osseuses ; des petits yeux bruns perçants qui brillaient derrière les verres bleus de ses lunettes ; des cheveux gris abondants, massés en coques régulières sur le front ; au reste, d’une propreté minutieuse, toujours tirée à quatre épingles ; pesant ses paroles, comptant ses pas ; un ton grave, sonore et doctoral, qu’elle tenait du révérend Smith, son prophète. En somme, un marbre.

Sa vue seule vous glaçait.

Cette femme avait-elle jamais été jeune ? Ces lèvres minces et pâles avaient-elle jamais souri ? Cette figure impassible s’était-elle jamais animée ? Aimait-elle quelque chose sur la terre ? Avait-elle jamais aimé quelqu’un en ce monde ?…

Raide et guindée dans sa robe noire, son tablier de soie vert changeant, à grandes poches, étalant ses plis symétriques « que nulle puissance humaine