tout étourdie par ce brusque orage éclatant au beau milieu d’un jour serein.
— Où es-tu donc, Georges ? répétait-elle avec impatience. Et elle se dirigea vers la porte.
Au moment d’en tourner le bouton, elle s’arrêta, hésitante.
« Oh ! l’horrible couloir sombre qu’il lui fallait traverser, la rampe fantastique qui grimaçait… Et par ce temps affreux, avec ces longs éclairs flamboyants !… »
— Non, je n’oserai jamais ! fit-elle.
Et elle ajouta, dans sa candeur d’enfant ignorante de la vie :
— Que je suis malheureuse !
Elle se rapprocha de la fenêtre, s’y accouda machinalement, sans penser ; elle trouvait je ne sais quel apaisement à voir les gouttes d’eau s’allonger et descendre en s’aplatissant sur les vitres.
Tout à coup, elle eut une exclamation de surprise, en même temps que son visage se rassérénait :
— Enfin ! le voilà, s’écria-t-elle. Et elle se disposa à ouvrir la fenêtre. Mais presque aussitôt, elle recula, pâlit ; ses deux mains arrêtées à l’espagnolette s’y crispèrent :
— Que va-t-il faire là-bas ?… murmura-t-elle.
La voix de Madame avait pris une expression âpre, presque dure, tandis que ces mots lui tombaient des lèvres, un à un, vibrants.