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Et le ciel était toujours rose, et l’Ourthe était toujours bleue ; et on s’adorait toujours, profondément, absolument, quoiqu’on fût un vieux, vieux ménage de trois mois, et qu’on n’eût pas autre chose à faire.

Un jour, je ne sais quel souffle mauvais passa sur le pays : les sapins frissonnèrent des pieds aux cimes, la rivière se fâcha soudain et se mit à rouler des flots sombres, d’un air menaçant. Le soleil disparut ; les roches s’allongeaient, découpées en géants formidables sur le ciel couleur de suie. Un frémissement de tempête courut par la vallée et les hautes herbes se couchèrent lentement, craintives ; les feuilles, à peine sorties de leurs bourgeons, s’envolaient en tourbillonnant, déchiquetées, hachées, semblables à de minces fils de soie de nuance indécise, que l’air portait.

Les deux hirondelles du toit ne chantaient plus. Un morne silence tomba… tout s’inclinait comme stupéfié. Brusquement, un éclair raya le ciel, le petit château fut secoué sur sa base de schiste et le tonnerre gronda. Alors, ce fut terrible on eût dit que la nature entière tremblait et suppliait ; des blocs de pierre dégringolaient en cascades sinistres, un mélèze fut déraciné, et le paysage