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solennelles ; pour un oiseau apeuré qui s’envolait en les frôlant ; pour ces grands insectes, hauts sur leurs pattes, qui marchent dans les bruyères majestueusement, et que leur approche mettait en déroute. Une fois, ils découvrirent un coquelicot, le premier de la saison, tout seul, perdu au bord d’un champ. Ce fut un triomphe. Ils se regardaient, charmés, en extase :

— Qui le cueillerait ?

On hésita longtemps ; c’était considérable. Puis, comme Monsieur, ayant coupé la fleur la lui attachait au chapeau, Madame éclata de rire, en disant :

— Sommes-nous bêtes !

Ce fut l’affaire d’un instant : le coquelicot s’effeuilla.

Ils eurent un gros chagrin.

Ces puérilités exquises, ces riens murmurés tout bas dans le grand silence, ces courses folles à travers la campagne emplissaient leur vie depuis trois mois.

Ils s’adoraient.

— Trois mois ?… Eh ! oui, tant que cela… Toute une éternité !

Monsieur avait emporté sa petite femme en Ardennes bien peu de temps après les noces, et ils habitaient là, dans un étroit château bâti sur un pan de rocher d’où l’on découvrait l’Ourthe, les collines