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Ils étaient eux deux, tout seuls, mariés du matin.

Lui, singulièrement ému à l’idée que le joli être frêle qu’il avait là, à ses côtés, était à lui désormais ; un peu gauche, embarrassé devant ce premier tête-à-tête si impatiemment attendu devant le premier mot qu’il allait dire et qu’il craignait de dire mal.

Elle, recueillie, très grave… les yeux fixes et semblant suivre, par un coin de la glace que le verglas n’avait pas atteint, quelque féerie attirante, bien loin, à travers les brumes du dehors ; sa main dégantée broyait machinalement les violettes du bouquet jeté dans la voiture au départ. Elle s’oubliait à songer. Les années radieuses de sa vie de jeune fille défilaient une à une devant elle, souriantes et paisibles, toutes pleines de puérilités, avec de gros chagrins vite venus, vite évanouis, et des volées d’éclats de rire. Elle quittait cette vie pour une autre. Que serait l’autre ?

Des minutes passèrent.

Sous la capote de velours fuchsia sa blonde tête d’enfant mutin se détachait, pensive, et ses yeux interrogeaient obstinément ce tout petit, tout petit espace libre, comme si elle eût été bien certaine de trouver là, dans le noir, la réponse à cette question qu’elle se posait : — Vivre ensemble,