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rait-il pas tenté pour voir sa fille sourire un instant !

Il fut héroïque…, car il savait, il prévoyait combien la partie serait rude à jouer. Reparaître un jour, lui pauvre, ruiné, vaincu, dans ce monde où, bien loin de lui offrir un soutien, on l’avait pour ainsi dire banni et rejeté… ; revoir tous ces hommes qui avaient détourné la tête lorsqu’ils le rencontraient ; reparaître là fier, la tête haute, le sourire aux lèvres, « prêt à tout oublier pourvu qu’on oubliât, » sans savoir au juste quel accueil on lui ferait, c’était une audacieuse entreprise, et il y avait cent chances contre une pour qu’elle tournât à son désavantage.

Aussi, à son entrée, ce silence hostile et glacial, gros d’orages, ne l’étonna pas du tout.

— Je m’y attendais bien, murmura-t-il…

Et il prit une contenance presque humble, alors que tout son orgueil se révoltait.

— Oh, mon enfant, mon enfant ! disait-il tout bas, comme on murmure une prière.

Quand il vit Alice entourée, fêtée, adulée comme autrefois, ses yeux se mouillèrent, et il remercia Dieu qui permettait ce miracle.

— D’un mot ils auraient pu la tuer, dit-il à la duchesse de Newport, avec un regard de gratitude vraie et sincère pour cette noble femme qui avait peut-être compris le seul moyen de sauver Alice ;