Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

Fallait-il donc que le seul être pour lequel il continuait cette lutte ingrate et difficile de l’homme contre les événements s’envolât si tôt et le laissât abandonné et seul en ce monde ?

— Qui niera la fatalité ? murmurait-il quelquefois en repassant une à une dans sa mémoire toutes les douleurs qui l’avaient accablé depuis deux ans.

Il avait des accès de découragement à faire pitié.

Il voyait bien que l’enfant s’en allait, et comme tous ceux qui, souffrant beaucoup, se rattachent quand même à un espoir chimérique, à une lueur vague, un rien qu’un mot brisera et dont ils sentent eux-mêmes le peu de fondement, il n’osait consulter le docteur, crainte de cette voix froide, indifférente qui, de par la science, avec de grands mots sonores et une logique implacable, viendrait sanctionner toutes ses appréhensions et détruire ainsi ce peu d’espoir auquel il se rattachait.

À quoi bon ?

Ces joues pâles, ces grands yeux brillants, cette voix aimée qui changeait lui faisaient peur.

Une nuit qu’il ne pouvait dormir, il s’était levé doucement et avait été sur la pointe du pied jusqu’à la chambre de sa fille ; il avait été épouvanté de sa pâleur, de la respiration sifflante, toute rauque et oppressée qui s’échappait de la poitrine…