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— Vous ne souffrez pas, ma chérie ?

Alice répondait invariablement : Non.

À la fin de l’automne, quand il n’y eut plus ni fleurs ni feuilles dans le jardin, et que la neige commença à tomber par myriades de petites plumes blanches impalpables, le rhume reprit plus fort que jamais, avec de longues quintes de toux qui lui déchiraient la poitrine ; l’enfant se sentit si faible qu’elle en fut elle-même effrayée :

— Gründen ! dit-elle un matin, je crois que je vais mourir… Je suis bien malade, n’est-ce pas ?

Gründen essaya de rire pour la rassurer :

— Malade, allons donc ! Peut-on parler ainsi ! Malade, avec ces joues roses, ces yeux brillants !…

La jeune fille secoua la tête et s’écria tout à coup, brusquement :

— Oh ! mais je ne veux pas mourir, moi… Pauvre père !

Beaumont était au désespoir. Un de ces désespoirs muets qui navrent. N’avait-il pas déjà assez souffert dans son honneur, dans son orgueil, cet orgueil indomptable auquel il imposait silence, et qui se taisait ; dans sa fierté, qui se contentait d’une place de gérant et ne murmurait pas ?… Fallait-il qu’il souffrit encore dans son amour ?

Fallait-il que sa fille adorée, idolâtrée, mourût avant lui ?