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un matin, il embrassa sa fille, prit les lettres de lord H… et se dirigea vers la perspective Newsky ; un des bureaux de banque de la maison Tchourof cherchait un gérant, lui avait-on dit.

Les lettres de lord H… lui ouvrirent toutes les portes, et toujours, grâce à ce haut patronage, il fut accepté d’emblée.

La nouvelle vie allait donc commencer pour lui, la vie monotone, fastidieuse, toujours la même, due subordonné : partir le matin pour les bureaux, rentrer le soir, ne voir sa fille qu’une fois par jour et la laisser toujours seule avec cette vieille Allemande, bonne et douce créature, à la vérité, mais si nulle !

Dame Gründen avait bien la meilleure figure sereine qu’on pût souhaiter ; c’était une bonne et large physionomie sympathique, toute ronde, toute franche, simple et naïve, avec de grands yeux bleu pâle, un teint vermeil et de doux cheveux argent doré qui reposaient la vue.

Dame Gründen avait dû être une blonde fraîche dans sa jeunesse. Ses mains, blanches, potelées, tricotaient toujours. Le tricot était sa distraction, son passe-temps. Elle tricotait pour se donner une contenance ; elle tricotait en causant et bien souvent s’endormait en tricotant… Elle serait restée des heures à tricoter dans un fauteuil avec le même