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lons d’or, avec des guides en fils de la Vierge, des roues en flocons de neige et des harnais en plumes de cygne… Pouvait-on pleurer le soir où l’on essayait une pareille robe, quand on s’appelait Alice Beaumont, qu’on était jolie, que la robe allait bien et qu’on aimait le bal à la folie ?

Cependant, l’enfant avait bien du chagrin… Elle était là, toute seule dans sa chambre, accoudée à la cheminée, un pied sur les chenets, sa mignonne tête espiègle, toute triste, se reflétant dans la glace, avec sa jolie moue désespérée et ses capricieuses boucles blondes frisées, emmêlées, les folles comme si elles avaient voulu cacher les grosses larmes qui roulaient une à une le long des joues… Car vraiment Alice pleurait bien fort et poussait de gros soupirs à fendre l’âme ; puis elle jetait tristement un regard dans la glace, allant de la jolie robe blanche à la petite figure rose si bouleversée, du cadeau de Noël dans l’écrin entr’ouvert, aux fleurs sur la table, et disait tout bas, comme malgré elle :

— Oh ! quel malheur… un si beau bal ! Et dire que tout le monde dansera…, sans moi !

Pauvre Alice ! Comme elle disait sans moi, les larmes redoublèrent, puis encore un petit coup d’œil vers la glace… Dieu me pardonne ! les larmes s’arrêtèrent pour faire place à un sourire fin,