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des yeux d’émail, des cheveux de lin, rien, une marchandise en vente, voilà ; mais une vieille poupée abîmée, pâlie, fanée, qui a servi, qui a joué, une vieille poupée, c’est un être…, quelque chose, cela vit… ; la poupée, c’est l’enfant tout entière ; on juge l’enfant par sa poupée comme, plus tard, la jeune fille par sa chambre, et bien souvent on se fait une idée de ce que sera cette chambre par le plus ou moins de soin de la petite fille pour ses poupées.

Dolly, cette vieille Dolly avec ses cheveux blonds ébouriffés, ses joues blanches, ses grands yeux fixes et je ne sais quel air gai, fin, hardi, avait été la première et la dernière, la poupée chérie, la favorite, vingt fois abandonnée et vingt fois reprise, toujours aimée. Elle avait eu le premier sourire, elle avait séché la première larme, elle était l’enfant, la Dolly par excellence. Neuve, c’était un miracle de poupée ; vieille, elle parlait du passé… Et qui dira ce qu’il y a de poésie dans une vieille poupée ? Qui dira tout ce qu’elle répète de petits riens touchants, d’adorables conversations naïves, de mots bégayés, de choses incomprises ? Qui dira ce qu’elle rappelle ! et tout ce que racontent ces yeux clairs, immobiles dans leur orbite de cire rose ?…

Une grosse larme brillait au bord des cils bruns de la jeune fille, quand elle remit Dolly dans son armoire.