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Qu’importe même qu’elle n’ait pas été gagnée du tout par celui qui la dépense, pourvu qu’il la dépense bien et largement ? Sous ce rapport, M. Squill ne laissait rien à désirer ; il jetait l’argent sans compter, follement, en inutilités, en caprices, en mille fantaisies ruineuses, que bien souvent il n’achetait que par ostentation ; malgré tout, l’ancien clerc de notaire n’avait pu se débarrasser entièrement des défauts et des petits ridicules du parvenu, grand seigneur de hasard, millionnaire d’occasion.

Quoi qu’il en soit, il recevait bien et voyait beaucoup de monde ; sa maison était agréable, les appartements luxueux, le service bien fait, le vin bon ; on y jouait gros jeu, on y perdait des sommes folles ; quant à l’étiquette, c’était un vain mot chez Squill, chacun y faisait à sa guise ; on y jouait, on y fumait ; tout Londres allait chez Squill.

Aussi l’échelle sociale y était-elle représentée par bien des échelons peu habitués à se trouver si rapprochés. On y voyait de nobles étrangers décorés de toutes espèces d’ordres plus ou moins authentiques, des journalistes, des fils de famille, des artistes, des gentlemen du high-life, des Crésus du négoce. Tout ce monde considérait le salon de M. Squill un peu comme le local d’une société privée, particulièrement confortable et où l’on était