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Elle posa sa cravache sur la table, ôta ses gants de daim, puis, machinalement, sans réfléchir, elle se mit au piano, joua un prélude et de sa voix douce et pure chanta en s’accompagnant l’adorable romance de Stéphano dans Roméo et Juliette :

Gardez bien, la belle,
Qui vivra verra,
Votre tourterelle
Vous échappera…

Il était quatre heures ; la nuit tombait ; toute une partie de la chambre disparaissait déjà dans l’ombre grise qui dessinait de grandes formes vagues sur les murs ; seule, la place où se trouvait le piano d’Alice, entre deux fenêtres, était encore éclairée par un mince rayon de soleil couchant, un pâle soleil d’hiver qui filtrait sous les lourdes tentures et riait par moments dans les cheveux blonds de la jeune fille et sur le drap vert de son amazone.

Il y avait dix minutes à peu près qu’Alice était rentrée et qu’elle chantait, quand une des doubles portes s’ouvrit sans bruit, et M. Ed. Beaumont entra. Il marcha lentement jusqu’au piano ; là il s’arrêta, enveloppant la jeune fille d’un ineffable. regard d’amour.

Blanche tourterelle,
Qui vivra verra…