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INITIATION MUSICALE

(en rondes[1]), note contre note, puis deux blanches par mesure, puis quatre noires, enfin un mélange de ces quatre espèces appelé contrepoint fleuri.

On opère ensuite d’après le même programme, non plus à deux, mais a trois, quatre, cinq, jusqu’à huit voix, les combinaisons se multipliant en proportion du nombre des parties. Dans un choral a quatre voix, par exemple, la basse chantera des rondes, pendant que le ténor lui opposera des blanches, l’alto des noires et le soprano syncopes ou retards.

De même que pour émettre facilement les sons élevés le chanteur travaille les demi-tons et tons au-dessus, de même pour écrire élégamment à « quatre » faut-il s’exercer avec un plus grand nombre de voix. Et d’ailleurs, quel crescendo de richesse sonore dans un quintette, dans un sextuor ! Qui de nous a pu, sans un frisson, écouter l’attaque du « Sanctus » de la Messe en si mineur, ou l’entrée du double-chœur final de la Mattheus-Passion ?

La fugue. ↔ Quand on a fini ses études de contrepoint et qu’on sait écrire, tel l’architecte aux prises avec ses matériaux sur le chantier, on commence à construire. La fugue est un monument dont les proportions doivent être raisonnées et justement équilibrées ; c’est la type de la « forme » musicale adoptée et consacrée par les maîtres,

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  1. L’indication de la mesure se fait, comme chacun sait, par un numérateur et un dénominateur. Une question d’examen de solfège : « Qu’est-ce qu’une mesure a sept cent cinquante 8 ? » Le candidat ahuri reste bouche bée. « — C’est, monsieur, une mesure dans laquelle il y aurait sept cent cinquante croches. » « — Vous n’en avez jamais vu et n’en verrez jamais, non plus qu’une mesure à un million de 16, c’est-à-dire à un million de doubles croches… Allez vous asseoir et vivez en paix. »