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L’ORGUE

les encadrent : « Mesdames, chantez-moi cathédrale et non pas canapé, » disait Gounod à d’aimables mondaines minaudant du Palestrina. Ce n’est pas de la grâce, c’est de la majesté qui s’en dégage. Un jour vint, cependant, où il fallut attenter à cette majesté et lui demander de se prêter à l’accompagnement des voix et des instruments, de se mêler à l’orchestre, de se plier à ses primesautiéres fantaisies.

Le procédé de Sébastien Érard restait sans grande action sur la masse polyphonique, et l’on ne se doutait pas que, depuis 1712, le problème était résolu. À Londres, en l’église de Saint-Magnus-le-Martyr, Jordan aîné avait tout simplement enfermé quelques tuyaux dans un coffre dont les parois étaient remplacées par des jalousies : le son paraissait augmenter ou diminuer suivant qu’on ouvrait ou qu’on fermait ces jalousies.

On est fort surpris qu’il ait fallu près de cent cinquante ans pour la diffusion d’une idée aussi simple et aussi pratique.

Aristide Cavaillé-Coll. ↔ En réalité, depuis Archimède et Ctesibius, l’orgue a servi de champ d’expériences à tous les mécaniciens et acousticiens de la terre. Ses continuelles transformations n’ont trouvé leur état définitif qu’au siècle dernier grâce au génie d’Aristide Cavaillé-Coll.

Il était né en 1811, à Montpellier, d’un père facteur d’orgues lui-même.

À l’inventeur Cavaillé-Coll on doit les diverses pressions de la soufflerie, les cloisons étanches des sommiers (caisses à air comprimé sur lesquelles reposent les tuyaux), les combinaisons des registres, l’application des moteurs pneumatiques de Barker

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